Eylau 1807, mort du général d'Haupoul, naissance du colonel Chabert.
Je m'étais arrêté devant le buste du général Jean Joseph d'Hautpoul, lorsque la personne qui nous accompagnait me dit : « Savez vous que le général d'Hautpoul, mort à Eylau a inspiré à Balzac le personnage du colonel Chabert ». Cette intervention me remémora un ouvrage de Jean-Paul Kauffman « La chambre noire de Longwood » dans lequel il relate un double voyage à Sainte Hélène et Eylau sur les traces de l'Empereur, ce qui m'incita à m'intéresser à cette bataille ; plus récemment, le même Jean-Paul Kauffman a édité un autre ouvrage « Outre terre » dans lequel à l'occasion d'un deuxième voyage à Eylau il étudie en particulier l'éventualité d'une filiation balzacienne entre d'Hautpoul et Chabert. J'avais présenté, l'année dernière, lors d'une séance privée de l'Académie de Montauban, une chronique d'une vingtaine de minutes sur ce sujet, ce qui fait que lorsque l'UTAM me sollicita pour effectuer une conférence, je décidais de faire de cette chronique un exposé plus complet que je vais vous présenter maintenant.
Nous verrons donc dans un premier temps la bataille d'Eylau en insistant sur sa spécificité par rapport aux autres batailles de l'Empire ; puis je vous exposerai la vie et la carrière de Jean-Joseph d'Hautpoul, un de nos proches voisins puisque né près de Gaillac ; nous verrons enfin l'histoire de Hyacinthe Chabert telle qu'elle apparait dans le roman de Balzac, essayant de trouver les raisons qui ont pu faire croire à une filiation entre le héros réel et le personnage de roman.
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1°- La bataille d'Eylau.
Les Allemands qui n'avaient pas fui en 1945 devant l'Armée rouge, furent expulsés en 1948 vers l'Allemagne, laissant la place à des migrants venus des 4 coins de l'Empire soviétique. Königsberg est donc devenu Kaliningrad du nom d'un membre du Soviet suprême particulièrement fidèle à Staline, Friedland désormais s'appelle Pravdinsk, Tilsit Sovietsk et Eylau Bagrationovsk. On raconte que considérant, comme beaucoup de ses compatriotes, qu'Eylau était une victoire russe, Staline voulut lui donner le nom du général qui commandait alors les armées du Tsar. Hélas le général en question était un Prussien nommé von Benningsen et cela aurait fait un peu désordre en 1945 de donner un pseudonyme prussien à une ville soviétique. Staline reporta donc son choix sur l'adjoint de Benningsen, le comte Pierre Bagration, d'une famille royale arménienne installée en Géorgie, ce qui ne pouvait que satisfaire Staline , lui même d'origine géorgienne. Les Russes du XXIème siècle ont pris l'habitude de dénommer cette enclave située à 600 kilomètres de la mère patrie « outre-terre », car pour s'y rendre il leur faut traverser la Biélorussie, la Lituanie ou la Pologne.
Quittant Boulogne le 26 août la Grande armée est sur le Rhin le 25 septembre, le 20 octobre elle encercle dans Ulm l'armée autrichienne du général Mack et la force à se rendre. Du coup, l'armée russe qui, aux ordres du général Koutousov, suivait le Danube pour renforcer Mack, commence à se replier prudemment vers la Moravie pour y attendre le Tsar et des renforts. Napoléon entre à Vienne le 14 novembre, puis rejoignant Russes et Autrichiens en Moravie, il les bat à Austerlitz le 2 décembre 1805, mais laisse le Tsar et son armée quitter l'Allemagne pour retourner en Russie. L'empereur d'Autriche, n'ayant plus ni capitale ni armée ni alliés est contraint à signer la Paix de Presbourg, c'est la fin de la 3éme coalition. Début 1806, le roi de Prusse Frédéric Guillaume III, poussé par sa femme, la reine Louise, décide un peu à contre temps de rejoindre l'Angleterre et la Russie au sein de la 4éme coalition. La Grande armée entre en Prusse et en une journée le 14 octobre 1806, l'armée prussienne est vaincue à Iena par Napoléon et à Auerstaedt par Davout. Quelques jours plus tard, l'Empereur fait une entrée triomphale à Berlin, mais Frédéric Guillaume réfugié à Königsberg ne signe pas la paix. Faisant face à la menace d'une nouvelle armée russe en Prusse orientale, Napoléon marche à sa rencontre la bat difficilement à Eylau le 8 février 1807 puis définitivement à Friedland le 14 juin, contraignant le Tsar à signer la Paix à Tilsit sur le Niemen.
Dans cette série de victoires, Eylau occupe une place un peu à part, on se doute bien que si Napoléon est contraint à s'opposer aux Russes en juin à Friedland, c'est que la bataille d'Eylau, 4 mois plus tôt, n'avait pas été décisive. D'ailleurs, avec un certain aplomb voire une mauvaise foi certaine, les Russes revendiqueront la victoire : Bennigsen après avoir quitté le champ de bataille, laissant les Français maitres du terrain, écrira au Tsar : « J'ai l'honneur de rendre compte à votre Majesté que les armées qu'elle a daigné me confier viennent de remporter une nouvelle victoire ». Cette prétendue victoire lui vaudra de recevoir l'Ordre de Saint-Georges. Il convient de noter que le Tsar Alexandre Ier ne pouvait rien lui refuser, Bennigsen ayant pris en 1801 la tête de la conspiration qui allait assassiner le Tsar Paul Ier et mettre sur le trône son fils Alexandre. En mars 1816, Bennigsen sera fait Grand Croix de la Légion d'honneur par Louis XVIII sans doutes pour ses faits d'armes contre la France Napoléonienne.
Suivant les ordres du Tsar, Bennigsen aurait du soutenir l'armée prussienne, mais cette dernière ayant été quasiment détruite à Iena et Auerstaedt, il se trouve obligé de temporiser en attendant l'arrivée d' une 2éme armée russe aux ordres de Buxhovden. Napoléon franchit la Vistule et manœuvre pour envelopper Bennigsen, mais il n'arrive qu'à provoquer des combats contre les arrières gardes russes à Pultusk et Golymin. Napoléon pense alors faire tomber Bennigsen dans un piège en l'attirant sur le corps d'armée de Ney et en le coinçant contre la Baltique. Manque de chance, l'estafette portant les ordres de l'Empereur à Ney est interceptée par les Russes, Bennigsen peut éviter ainsi le piège et retraiter à nouveau. Napoléon décide alors de le contraindre à la bataille en marchant sur Koenigsberg où se trouvent les réserves et les approvisionnements des Russes. Le Tsar ordonne à Bennigsen d'arrêter les Français à hauteur d'Eylau.
Le 7 février au soir Bennigsen s'arrête donc à Eylau et fait face aux Français avec 80.000 hommes. Napoléon, suivant son habitude, marche en échelons très déployés ( Davout et ses 17.000 hommes sont 15 kms au sud, Ney et ses 10.000 hommes qui surveillent les Prussiens de Lestocq sont 40 kms au nord), il ne dispose à ce moment que de 40.000 hommes. Les combats déjà acharnés du 7 soir, permettent aux Français, grâce en particulier aux cuirassiers du général d'Hautpoul, de chasser les Russes du village et d'occuper l'église et son cimetière, seul point d'observation où Napoléon va installer son poste de commandement.
Le 8 matin, la bataille débute par un duel d'artillerie, 400 canons russes contre 300 canons français. Le maréchal Davout, prévenu par estafette, s'est mis en route dans la nuit, il débouche sur le champ de bataille vers 10.00 heures et reçoit l'ordre d'envelopper l'aile gauche russe que Bennigsen va renforcer en engageant ses réserves. Napoléon décide alors de lancer le 7éme Corps d'armée d'Augereau contre le centre russe.
Soixante dix pièces russes déclenchent un déluge de feu à bout portant et disloquent les régiments français qui refluent en désordre poursuivi par l'infanterie russe jusqu'au pied du cimetière d'Eylau où se tient l'Empereur.
Ce jour la, heureuse de combattre et pour montrer son mépris de la mort, la Garde charge et repousse les Russes à la baïonnette, sans tirer un coup de feu. Napoléon n'appréciera pas cette fantaisie et le général Dorsenne aura droit à une sérieuse réprimande après la bataille.
Le colonel Lepic à la tête de ses grenadiers à cheval traverse les lignes russes et se retrouve encerclé. « Rendez vous,Général, votre courage vous a entrainé trop loin dans nos lignes » leur intime un officier russe. « Regardez nos gueules et dites moi si elles ont l'air de vouloir se rendre. Vive l'Empereur et en avant » réplique Lepic. Les grenadiers à cheval traversent en sens inverse les rangs russes et regagnent les lignes françaises. Pour la petite histoire, le colonel Lepic sera promu général le soir même par Napoléon et recevra une prime de 50.000 francs or qu'il repartira illico entre ses soldats. C'est au cours de la charge que le général Jean-Joseph d'Hautpoul aura la cuisse droite fracassée par un biscaïen, ses hommes pourront le ramener en arrière mais il décédera après 6 jours d'agonie. La charge de la cavalerie de Murat a sauvé l'armée française en désorganisant le centre russe, mais le manque de troupes d'infanterie empêche d'exploiter cette désorganisation.
Vers 19.00 heures, alors que Napoléon, qui a mis pied à terre, s'entretient avec le maréchal Soult qui se tient respectueusement devant lui tête nue sous la neige, une estafette arrive au galop et dit à l'Empereur : « Sire, les colonnes du maréchal Ney débouchent d'Althof en talonnant l'arrière-garde prussienne ». Le général Caulaincourt, Grand Ecuyer de l'Empereur, s'approche furieux de l'estafette : « Comment osez vous parler à l'Empereur sans descendre de cheval et le chapeau sur la tête ». L'estafette, le capitaine Guiraud de la Garde impériale rétorque cavalièrement : « Général, j'aurai perdu du temps, j'ai cru plus pressé de calmer l'inquiétude de sa Majesté, je pars au galop rejoindre le maréchal Bessières, tant pis pour l'étiquette ». Je cite cette anecdote qui montre que même en campagne, on gardait au Grand Quartier Général de l'Empereur une étiquette équivalente à celle en cours aux Tuileries.
L'arrivée de Ney met fin au combat, pris en tenaille entre Davout et Ney, Bennigsen abandonne le champ de bataille et dans la nuit entame son repli vers Königsberg, ce qui ne l'empêchera pas de rendre compte au Tsar de sa brillante victoire.
Pour sa part, Napoléon est bien conscient que les pertes considérables subies par les deux camps lui sont plus préjudiciables qu'à son adversaire qui dispose de renforts conséquents à Königsberg. Il reste quelques jours sur le champ de bataille d'une part pour prouver sa victoire en occupant le terrain, d'autre part pour laisser son armée penser ses plaies ; puis il prendra ses quartiers d'hiver et ne repartira en campagne qu'au printemps.
l'atmosphère est sinistre, seul Murat dans son apparat habituel, visiblement fier de sa charge de la veille, est la personnification de la guerre, Ney, Bessières, Berthier, Soult et Davout, qui encadrent Napoléon, ont des têtes d'enterrement, au fond Eylau est en flammes, la neige est sale, partout du sang et des cadavres, des soldats russes blessés supplient l'Empereur qui étend son bras droit comme pour une bénédiction, son regard morne, refusant de regarder le champ de bataille, est plutôt tourné vers le ciel.
Augereau ne figure pas sur le tableau, Napoléon a écarté celui qui a failli être le responsable d'un désastre, certes il a eu la malchance d'être pris dans la tempête de neige, mais les malchanceux n'ont pas leur place dans l'épopée napoléonienne. D'ailleurs, avant de promouvoir un officier qu'il ne connaissait pas personnellement, Napoléon s'enquérait : « A-t-il de la chance ? ». Sans doute, le 7 février 1807 Augereau n'en avait il plus. Napoléon dira plus tard de lui, avec dureté : « Depuis longtemps chez lui, le Maréchal n'était plus le soldat ; son courage, ses vertus premières l'avaient élevé très haut hors de la foule ; les honneurs, les dignités, la fortune l'y avaient replongé ».
2°- Mort du Général d'Hautpoul
Il descendait d'une famille très ancienne puisque l'on trouve des seigneurs d'Hautpoul dés le 10éme siècle. Durant les croisades un de ses ancêtres avait trouvé la mort sous les murs d'Antioche. Il fait ses études à l'Ecole Royale Militaire de Sorèze de 1764 à 1771. Puis à 17 ans il s'engage comme cadet dans les Dragons de la légion du Dauphiné où il gagne son épaulette de sous-lieutenant, puis il rejoint le régiment du Languedoc où il sera capitaine. En 1789, il choisit de continuer à servir la France et est rapidement nommé lieutenant-colonel. Avec Murat, Lasalle, Nansouty et peut-être Grouchy il va faire partie des grands sabreurs de l'Empire. Il participera à la bataille de Valmy, à celle Fleurus où à la tête de ses hommes il franchit la rivière Piéton sous le feu de l'ennemi et le force à retraiter. Mais en 1794, sous la Terreur, il est exclu de l'armée compte tenu de ses origines nobles. Ses hommes se rebelleront et exigeront avec succès son maintien à leur tête avec le grade de général de Brigade. Affecté à l'armée de Sambre et Meuse sous les ordres de Hoche, il est blessé devant Altenkirchen . Inspecteur de la cavalerie sous le Consulat, il la réorganise en créant les divisions de cavalerie indépendantes (peut on dire qu'il est en cela un précurseur de la division blindée, je n'irai pas jusque la).
. Il était sur le point d'être nommé maréchal d'Empire. Son corps d'abord enterré au château de Worienen à côté d'Eylau, fut rapatrié en France en 1808. Il repose au cimetière du Père Lachaise à Paris, son cœur a été placé dans la crypte des Gouverneurs aux Invalides, son nom est gravé sur le pilier est de l'Arc de Triomphe de l'Etoile.
3°- Naissance du Colonel Chabert.
Après avoir traversé et sabré les lignes ennemies, il est pris à partie par deux cavaliers russes, dont l'un, un vrai géant, lui assène un coup de sabre qui lui ouvre profondément le crâne. Sa mort est annoncée à l'Empereur qui envoie deux chirurgiens en leur disant : « Allez donc voir si, par hasard, mon pauvre Chabert vit encore ». Les deux carabins ne voulant pas rester trop longtemps en première ligne le déclare mort après un examen plus que sommaire. Plongé dans un évanouissement cataleptique, il est dépouillé de ses vêtements et jeté dans une fosse commune où il reprendra plus tard ses esprits. Il réussit à s'extraire de ce qu'il appelle « un fumier humain » en s'aidant d'un bras détaché d'un mort pour écarter les cadavres qui le séparent de la surface. Il est récupéré par un couple de paysans prussiens, chez qui il restera 6mois entre la vie et la mort avant d'être admis à l'hôpital de Heilsberg. Ayant perdu la mémoire, il va errer une dizaine d'années entre les hôpitaux, les asiles psychiatriques et la prison. Retrouvant peu à peu la mémoire, il revient en France pour récupérer son titre, sa femme et sa fortune. Hélas, son épouse Rose, une ancienne fille de joie, a hérité de lui, reçu une rente de l'Empereur, puis a refait sa vie avec un émigré revenu en France et elle est devenue la Comtesse Ferraud, très bien introduite dans la société de la Restauration. Elle ne veut en aucun cas reconnaitre ce « revenant » et renoncer par la à son nouveau mari et au statu social qu'il lui confère. Quand Derville fait part à Chabert des difficultés pour se faire reconnaitre, ce dernier s'écrit : « J'irai au pied de la colonne Vendôme, construite avec les canons pris aux Russes à Austerlitz, je crierai : je suis le Colonel Chabert, celui qui a enfoncé le grand carré russe à Eylau et le bronze lui me reconnaitra ». « Et on vous enfermera à Charenton » lui répond Derville qui lui conseille de transiger avec son ex- femme. D'ailleurs dans sa première édition ce roman s'appelait « La transaction ».
Triste destinée, comme le dit Derville, et se souvenant que Chabert de son vrai nom Hyacinte est un enfant abandonné : « Sorti de l'hospice des enfants trouvés, il revient mourir à l'hospice de la vieillesse ».
4°- Balzac, Hautpoul et Chabert.
On voit que les rapports entre le général Hautpoul et le colonel Chabert sont assez minces : la bataille d'Eylau, la grande charge de Murat, la mort réelle chez l'un, fausse chez l'autre. Cependant, même si il y fait peu allusion dans son œuvre, la famille de Balzac avait des attaches dans le Tarn et un arrière grand oncle de son père aurait même épousé une demoiselle d'Hautpoul. Il est vraisemblable que cette filiation, même lointaine était connue de Balzac et que ce personnage de sa famille mort à Eylau aurait l'inspirer pour créer son personnage de Chabert.
Marbot reçut d'Augereau l'ordre d'aller dire au colonel de tenir bon jusqu'à la charge annoncée de Murat. Dans ses mémoires Marbot raconte qu'il passa à travers des nuées de cosaques et parvint au monticule où le régiment formé en carré résistait tant bien que mal. « Je ne vois aucun moyen de sauver le régiment, lui dit le colonel, retournez vers l'Empereur, faites lui les adieux du 14éme et portez lui l'Aigle qu'il nous avait confié et que nous ne pouvons plus défendre ». Marbot se saisit de l'emblème et se lança vers les lignes françaises, mais boulet russe traversant la corne arrière de son chapeau, lui causa un choc terrible qui le laissa conscient mais incapable de bouger. Toujours en selle sur sa jument Lisette ils sont tous deux blessés de plusieurs coups de baïonnettes, la jument folle de douleur se précipite sur l'agresseur et lui arrache avec les dents toute la peau du visage lui faisant, dixit Marbot, une tête de mort rouge, puis Lisette attrape un autre Russe par le ventre, lui arrache les entrailles, le piétine et le laisse mourant dans la neige. Le couple Lisette –Marbot repart vers les lignes françaises, mais Lisette qui a perdu beaucoup de sang s'effondre sur Marbot qui perd connaissance. Marbot est convaincu que les 10.000 cavaliers de Murat lui sont passés sur le corps mais que Lisette l'a protégé. Dans la nuit il est dépouillé de ses vêtements par des maraudeurs et revient à lui sur le champ de bataille n'ayant plus que son chapeau et une botte ; heureusement il est retrouvé par le valet de chambre d'Augereau qui le ramène à une ambulance pour y être soigné. Cette aventure a sans doute un fond de vérité, mais méfions nous car comme le disait l'historien Pierre Bloch, parlant de Marbot « l'infatigable vantard se préparait volontiers, en dupant ses familiers, à mystifier la postérité ».
Conclusion.
On peut imaginer que Balzac à travers le colonel Chabert et la comtesse Ferraud ait voulu opposer le souvenir de l'Empire et la réalité de la Restauration. Chabert c'est l'Empire porteur de gloire mais aussi de guerre et de mort, la Comtesse c'est la paix, le progrès, le développement économique. L'Empire c'est en quelque sorte la préfiguration du romantisme opposé au réalisme de l' « enrichissez-vous » de Guizot.
Le 15 décembre 1840, la dépouille de l'Empereur faisait son entrée en grande pompe aux Invalides. Napoléon pouvait reposer comme il l'avait demandé « sur les bords de la Seine, au milieu de ce peuple français qu'il avait tant aimé ». Une année plus tard, la statue du général d'Hautpoul était érigée à Gaillac et grâce à Balzac le colonel Chabert était, enfin, autorisé à sortir de sa tombe.